L'islam soutient-il la procréation assistée ?

L'infertilité est un problème mondial qui touche des millions de personnes de tous horizons, indépendamment de leur appartenance religieuse et ethnique. L'Organisation mondiale de la santé estime que 48 millions de couples et 186 millions d'individus souffrent d'infertilité dans le monde.^1,2,3 Les statistiques incluent les musulmans, qui constituent le deuxième groupe religieux le plus important au monde - l'Islam. Actuellement, plus de 24% de la population mondiale s'identifie comme musulmane.

Ces dernières années, des progrès significatifs dans le domaine des techniques de procréation assistée (PPA) ont permis aux couples et aux personnes infertiles de concevoir. Les techniques de procréation assistée comprennent in vitro la fécondation, l'insémination artificielle, ainsi que la congélation des ovules et du sperme, le transfert d'embryons et la sélection d'embryons. Ces traitements pourraient être controversés dans le contexte de la religion, comme dans l'Islam.

L'islam actuel et son point de vue sur l'infertilité

L'islam est une religion mais aussi un mode de vie. Les enseignements islamiques englobent divers aspects de la vie quotidienne, notamment les perspectives sociales, éducatives, politiques, économiques et internationales. Les spécialistes de l'islam soulignent souvent que l'islam n'est pas une religion de difficultés, mais de facilité.⁴ L'islam reconnaît que l'infertilité est une épreuve grave, c'est pourquoi les tentatives pour y remédier sont encouragées dans l'islam.⁵

L'islam actuel comporte deux branches principales : les sunnites et les chiites. Chaque branche a son propre ensemble de points de vue et d'enseignements sur la jurisprudence, la théologie et l'éthique. La grande majorité des musulmans du monde sont sunnites, soit 90% de l'ensemble de la population musulmane. Les 10% restants sont chiites. Il est important de noter que ces deux branches de l'islam présentent des disparités frappantes en ce qui concerne l'ART.^5,6

Cet article te guidera sur les opinions islamiques générales, ainsi que sur les différences entre les perspectives sunnites et chiites, concernant la procréation assistée.

L'islam autorise-t-il la procréation assistée ?

En général, oui, l'islam autorise la procréation médicalement assistée tant que la procédure concerne un couple dont le mariage est valide conformément à la loi islamique (charia). La procréation médicalement assistée est strictement interdite dans les cas de monoparentalité auto-imposée et pour les couples LGBTQ+ qui désirent avoir des enfants. En outre, la procréation médicalement assistée est désapprouvée s'il n'y a pas de justification médicale à la procédure.⁵ Les sections suivantes décrivent les points de vue de l'Islam sur des procédures ART spécifiques.

Insémination artificielle

L'insémination artificielle est autorisée en Islam, à condition qu'elle concerne un couple marié et que le sperme et l'ovule proviennent tous deux de ce couple.⁵ Il faut cependant noter que la masturbation n'est pas acceptée dans l'islam.⁷ L'acquisition des spermatozoïdes doit donc se faire avec la femme.

L'insémination artificielle qui implique un don de sperme ou d'ovules de la part d'un tiers n'est pas autorisée. La plupart des érudits religieux sur l'islam considèrent le don par un tiers comme une forme d'adultère, en raison du concept d'introduction d'un tiers dans la dyade mari et femme, qui est considérée comme sacrée dans les lois islamiques.⁸

FIV et transfert d'embryons

In vitro La fécondation in vitro (FIV) désigne le prélèvement de spermatozoïdes et d'ovules et leur fécondation ultérieure en laboratoire. La FIV est autorisée en islam, à condition que le sperme et l'ovule proviennent d'un couple marié.⁵

Le transfert d'embryon est la procédure qui suit la FIV et qui consiste à implanter l'embryon formé en laboratoire dans l'utérus de la femme. Comme pour les autres techniques de procréation assistée, le transfert d'embryon est autorisé à condition qu'il soit effectué dans le cadre d'un mariage valide.⁵

Il n'est pas rare que la FIV produise plus d'un embryon. Les embryons viables qui n'ont pas été implantés peuvent être congelés pour une utilisation future. L'opinion générale est que les embryons congelés peuvent être décongelés et implantés dans l'utérus de la femme chaque fois que le couple marié désire avoir un autre enfant.⁵

Le point de vue sur les transferts d'embryons une fois que le mari est décédé est un peu controversé. Un document explique que les embryons congelés ne doivent être implantés dans l'utérus que pendant la durée du mariage. Comme la mort met effectivement fin au contrat de mariage selon la loi islamique, le transfert d'embryon après la mort du mari est considéré comme illégal. En ce sens, le transfert d'embryons après un divorce est également illégal.⁹ Un autre article mentionne cependant un cas où l'autorisation de transfert d'embryon a été accordée à une veuve après la mort de son mari, en se basant sur le fait que porter l'enfant de son mari serait grandement bénéfique pour le bien-être de la veuve.¹⁰    

Congélation des ovules et du sperme

La congélation des ovules et du sperme, par le biais de la cryoconservation, est autorisée lorsque le mari ou la femme doit subir une radiothérapie ou une chimiothérapie. Les ovules ou le sperme peuvent alors être utilisés pour une FIV et une implantation ultérieure après la radiothérapie ou la chimiothérapie, à condition que le mari et la femme soient dans un mariage valide pendant la durée de la PMA.⁵

Diagnostic génétique préimplantatoire (DPI)

Le diagnostic génétique préimplantatoire (DPI) est une nouvelle procédure de procréation assistée qui consiste à vérifier la présence de défauts génétiques sur les embryons formés lors d'une FIV. Le DPI permet d'éviter les avortements sélectifs car il est effectué au début de la grossesse, trois jours seulement après la fécondation. Les embryons peuvent être examinés pour détecter la présence d'aneuploïdies, d'hémophilie, de mucoviscidose ou de dystrophie musculaire.^10,11,12

Selon les érudits musulmans, le DPI pour les troubles génétiques est autorisé en Islam, car cette technique n'est pas classée comme une altération de la création de Dieu et est plutôt considérée comme un traitement médical. Le DPI est également préféré au diagnostic prénatal puisque le DPI est effectué lorsque l'embryon est au stade de 8 cellules et bien avant les 120 ans de l'embryon.^th jour de la gestation, le temps de la respiration de l'âme.¹²

Points de vue contrastés des sunnites et des chiites sur la procréation assistée

Les deux principales branches de l'islam actuel, les sunnites et les chiites, ont des points de vue différents sur certaines procédures ART.

Don de sperme, d'ovules ou d'embryons

Toute forme de don de sperme, d'ovules ou d'embryons à des fins de procréation médicalement assistée est strictement interdite par l'islam sunnite. Le don d'ovules, de sperme ou d'embryon entraînerait l'introduction d'une troisième personne - le donneur - dans la dyade du mari et de la femme, ce qui est considéré comme similaire à l'adultère. Si ART a quand même utilisé le sperme d'un donneur malgré l'interdiction, le mari sera toujours considéré comme le père légal même s'il n'est pas le père biologique. Dans le cas d'un don d'ovule, la mère biologique sera la mère légale, même si elle n'est pas la mère biologique.¹³

Le point de vue sur le don de sperme et d'ovules est différent dans l'islam chiite. Alors que de nombreux experts religieux chiites partagent le point de vue des musulmans sunnites selon lequel le don par un tiers ne devrait pas être autorisé, certaines autorités religieuses chiites autorisent la procédure. Par exemple, l'ayatollah Ali Khamene'i, leader de la République islamique d'Iran, a déclaré à la fin des années 1990 que les dons de sperme et d'ovules par des tiers étaient autorisés. L'Iran, pays musulman chiite connu, a également légitimé le don d'embryons.^5,6

Sélection du sexe

La sélection du sexe (genre) n'est généralement pas autorisée dans l'islam sunnite, car on dit que la sélection du sexe ne dépend que de Dieu. Cependant, en novembre 2007, la Ligue islamique mondiale a publié une résolution juridique autorisant la sélection du sexe uniquement pour des raisons médicales. Quelques érudits sunnites jugent également la sélection du sexe acceptable pour équilibrer le ratio des sexes dans la famille dans des cas très limités, par exemple lorsqu'une femme a donné naissance à six filles et que le mari a désespérément besoin d'avoir un fils.⁵ Une résolution récente émise par l'institution religieuse Al-Azhar a déclaré que les techniques de sélection du sexe ne sont pas autorisées pour le premier enfant, mais qu'elles sont permises si la famille a déjà deux enfants du même sexe.⁴

Pendant ce temps, dans l'islam chiite, il n'y a pas d'objection aux techniques de sélection du sexe. Les méthodes de sélection du sexe sont autorisées pour des raisons médicales ; pour des raisons non médicales, il doit y avoir une nécessité pour justifier la procédure.¹⁴

La maternité de substitution

La maternité de substitution est strictement interdite dans l'islam sunnite, car elle implique la participation d'une mère porteuse tierce. Comme indiqué plus haut, l'introduction d'un tiers dans la dyade sacrée d'un couple marié est considérée comme un adultère.⁶

Dans l'islam chiite, la maternité de substitution est autorisée, car elle figure dans la résolution publiée par l'ayatollah Ali Khamene'I à la fin des années 1990. La maternité de substitution est aujourd'hui largement pratiquée en Iran.^5,6

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Références

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